Riad Berbère

L’épure en haute couture

Au nombre des merveilles architecturales que recèle Marrakech l’impériale, il en est une qui en médina se distingue par la grâce de sa facture minimaliste et l’excellence de son art de recevoir. Voisine de la médersa Ben Youssef, cette ancienne demeure palatiale, convertie en riad d’hôtes au terme d’une restauration réalisée dans les règles d’un art millénaire, est une perle d’écriture esthétique et fait la démonstration que le vrai luxe est tout sauf ostentatoire… 

À l’origine de la nouvelle vie de ce palais du XIII^e siècle remanié au XVII^e, un érudit en histoire et patrimoine architectural de la médina de Marrakech. Pour respecter ce précieux patrimoine, entrepreneurs et maîtres artisans ont œuvré pas à pas, reprenant de fond en comble, centimètre carré par centimètre carré, l’ensemble des éléments structurels et décoratifs d’origine, ajoutant ici et là des équipements de confort aussi discrets qu’efficients. Zelliges, portes anciennes, stucs et bois sculptés nous ont ainsi été restitués tels qu’ils étaient à leur conception. Et s’il est naturellement impossible de connaître avec précision les aménagements et la décoration d’alors, gageons qu’avec son style épuré et son atmosphère quasi monacale, le Riad Berbère version XXI^e siècle n’aurait pas déplu à son tout premier propriétaire, un riche marchand de la médina. Bienvenue donc dans un univers au raffinement extrême, exempt de tout effet de manche décoratif, magnifié par la grâce d’une mise en décor qui partout célèbre avec une élégance insigne l’esprit des lieux.

Harmonie des couleurs naturelles, luxe des étoffes, authenticité des meubles, accessoires et objets artisanaux font de ce havre de paix un écrin de toute beauté. À l’image du vestibule, où d’emblée la magie opère avec le fameux rituel invitant les hôtes à se laver les mains à l’aide d’une aiguière ouvragée. À l’image de l’impressionnant plafond zouaké du salon de réception qui aura nécessité pas moins de huit mois d’une restauration à l’ancienne – majestueusement mis en scène, il accueille notamment une épreuve d’atelier acquise dans une vente aux enchères à Paris, Les Chérifas (1884) du peintre Benjamin Constant. À l’image du spectaculaire patio arboré au centre duquel il est possible de se rafraîchir dans un charmant bassin circulaire. À l’image des huit chambres, suites et duplex qui, tout comme l’ensemble du riad, invitent à une délicieuse expérience sensorielle tissant un fil invisible entre les époques, les styles et les influences.

À l’image du toit-terrasse tout de tadelakt vêtu, avec bar, salons de repos et restaurant, auquel on accède par un escalier accueillant en son milieu un hammam autrefois dévolu au seul maître des lieux. À l’image du service de haut vol, garant d’une pleine immersion dans la vie berbère traditionnelle… Dès le réveil avec le petit-déjeuner où ne sont servis que des mets traditionnels marocains, en commençant par la soupe à l’orge. À l’heure du goûter avec le rituel du gâteau maison offert aux clients. Aux repas du midi et du soir, chaque jour différents, concoctés par les dadas qui officient dans l’ancienne maison aux esclaves reconvertie en cuisine cinq étoiles. Parmi les détails qui font du Riad Berbère une adresse à part, citons pêle-mêle la vaisselle d’art en céramique signée d’une créatrice souirie, les couverts en argent massif anciens, la délicate signature olfactive aux agrumes, les luxueux produits d’accueil et de courtoisie, entre autres.

Si l’adresse est encore très confidentielle, il faut savoir qu’à l’horizon 2026 les trois autres riads attenants au Riad Berbère, et qui jadis ne formaient qu’un seul et même palais, entreront dans le giron de la marque Berbère Collection et porteront la capacité d’accueil à une quinzaine de chambres et suites, entre autres belles surprises. Dès la fin du printemps 2025, les candidats au bien-être pourront également profiter d’un authentique et somptueux spa, que l’on imagine lui aussi d’une perfection absolue. À suivre…