Destiné à devenir une référence culturelle, historique et scientifique au niveau national, le Musée Mohammed VI pour la Civilisation de l’eau au Maroc a été créé à Marrakech par le ministère des Habous et des Affaires Islamiques. Le ministre Ahmed Toufiq nous explique comment le musée valorise le patrimoine hydraulique marocain en sensibilisant le grand public aux défis de protection de la précieuse ressource.
Comment vous est venue l’idée de créer ce musée ?
Dans les villes historiques – les anciennes médinas – il y avait la mosquée, alimentée en eau nécessaire aux ablutions rituelles. C’est l’institution des Habous qui cherchait l’eau, la conduisait et la distribuait dans la ville. Au début du Protectorat, les régies modernes ont pris le relais des Habous dans la gestion de l’eau. De cette organisation ingénieuse, l’administration des Habous (aujourd’hui le ministère) a conservé des milliers de documents d’une valeur culturelle et historique inestimable. Mais les Habous gardent encore les droits symboliques sur certaines sources dans différents endroits du pays. À l’heure où les problématiques liées à l’eau montent à la surface, au Maroc comme partout dans le monde, qui, mieux que les Habous, pouvait exposer les traces de ce legs de notre histoire, dans un but spirituel, culturel et pédagogique ?
Pourquoi avoir choisi Marrakech ?
D’autres villes, comme Fès, Meknès ou Tétouan, peuvent se targuer d’une histoire glorieuse dans la gestion de l’eau par les Habous, et chacune de ces villes garde encore des ouvrages et des documents pour illustrer cette histoire. Le flux touristique à Marrakech nous a conduit à y implanter le musée.
Quelle est la vocation de ce musée ?
Elle est avant tout culturelle. La culture nous interpelle pour apprécier, méditer et respecter la création. Le musée de l’eau a pour vocation de valoriser la ressource et de lutter contre la banalisation d’une abondance illusoire. Elle est aussi une mise en garde contre le gaspillage et l’indifférence.
Quels sont les défis de protection des ressources en eau au Maroc ?
Sur le plan éthique, le plus grand défi est lié à l’éveil des consciences pour en faire bon usage et se montrer solidaires, à l’heure où nous sommes menacés de grands fléaux comme les migrations massives liées aux pénuries hydriques.
Quels axes ont été retenus pour sensibiliser le public, notamment les plus jeunes ?
Cette sensibilisation doit s’inspirer du Coran, en particulier quand il assimile les gaspilleurs aux « frères des diables ». Il suffit de respecter la guidance prophétique en matière d’ablutions pour nous faire économiser chaque jour plus de dix millions de litres d’eau. Les jeunes sont peu familiarisés avec la civilisation matérielle de leur pays alors que celle-ci recèle tant de preuves d’un génie ancestral. Les élèves ont besoin de cahiers pédagogiques pour une telle initiation.