Adolescent, Mbark Guerfi a longtemps rêvé à une carrière internationale de champion de surf. À sa majorité, il a dû songer à un avenir plus certain et acquérir un solide savoir-faire : il sera tout compte fait cuisinier. Établi au Brésil depuis une douzaine d’années, le Gadiri de 42 ans a trouvé là-bas de quoi assouvir ses deux passions, et bien plus encore…
Sea, surf & sun
Sa jeunesse à Agadir, Mbark Guerfi la passe entre l’école et la plage. Entre deux sessions de surf, il ne manque jamais une occasion de partager en cuisine les talents de sa mère – bien lui en a pris. Il apprend à ses côtés les secrets du couscous, les déclinaisons de tajines, l’art de la pâtisserie orientale… Le pli est pris. Il est diplômé de l’école hôtelière d’Agadir en 1999. Son histoire brésilienne commence un beau jour de 2004. Alors chef de partie au Sofitel Essaouira, il fait la rencontre de sa future épouse, une Carioca de passage pour les vacances. « Elle m’a trouvé si brésilien, dans mes goûts et mon caractère, qu’elle m’a aussitôt invité à la rejoindre, chez elle à Rio. » Après un bref retour au pays, le voici de retour, pour de bon cette fois. Il monte une société de traiteur à domicile, ses buffets franco-marocains font un tabac, les clients se multiplient, notamment grâce aux réseaux de son épouse, interprète de profession et fille du célèbre pianiste brésilien Arthur Moreira Lima. « J’étais dans mon élément. Les Brésiliens sont de fins gourmets et de grands gourmands, curieux et ouverts sur les cuisines du monde. » En société aussi, Mbark Guerfi se sent d’emblée comme un poisson dans l’eau : « Il est ici si facile de se faire de vrais amis qui ne rentrent pas dans ta vie personnelle, t’acceptent comme tu es, sans jugement, sans intérêt caché ni hypocrisie. Quelle bouffée d’oxygène, quel sentiment de liberté ! Que le reste du monde semble bien triste en comparaison. » Après l’ouverture d’un restaurant de spécialités maroco-portugaises dans le Nordeste, à João Pessoa, retour à Rio et dans le groupe Accor, en tant que chef de cuisine au Sofitel Copacabana. Mbark surfe tous les matins du côté d’Ipanema, aime sortir faire la fête dans le quartier de Lapa. Séparé, il va bientôt se remarier, toujours avec une Carioca. Son rêve est d’ouvrir d’ici cinq ans à Copacabana, le quartier où il réside, un restaurant marocain qui soit en même temps un centre culturel, pour faire découvrir aux Brésiliens son pays, sa musique, ses arts, ses traditions, sa littérature… « J’aimerais tant que le Maroc ne résume pas ici au désert et aux chameaux, qu’on ne le confonde plus avec le Liban ou la Syrie. »