Après quatre décennies au service de son pays, en Afrique, en Europe, en Asie et en Amérique latine, Larbi Moukhariq, en poste à Brasilia depuis 2013, s’apprête à quitter ses fonctions. Pour Couleurs Maroc : état des lieux avisé de la présence marocaine au Brésil, des relations économiques et diplomatiques entre les deux pays…
Combien y a-t-il de ressortissants marocains au Brésil ? Où les retrouve-t-on principalement, et dans quels secteurs d’activités ?
On peut estimer à 5 000 la nouvelle génération d’immigrés marocains au Brésil. Ce chiffre peut être largement dépassé si on prend en considération les mouvements antérieurs qui se sont produits au grand moment de l’immigration vers le Brésil. Il faut du temps et surtout des moyens pour mener une bonne opération de recensement. Nous retrouvons la communauté marocaine plus précisément sur l’axe Rio de Janeiro-São Paulo-Paraná, principale zone de concentration de la richesse du pays. La nouvelle génération de Marocains s’illustre majoritairement dans le tourisme, la restauration, le commerce de proximité et l’industrie de la viande halal. Nous enregistrons quelques cadres dans le domaine de l’informatique et de l’enseignement supérieur. Nous comptons aussi quelques imams de mosquées à São Paulo et Foz d’Iguaçu. Réputés pour leurs bons prêches du vendredi, ils contribuent, ici, à l’essor d’un islam modéré.
Quelle perception les Brésiliens ont-ils du Maroc ?
Le Royaume fascine les Brésiliens, et réciproquement. Il nourrit leur imaginaire de tant de fantasmagories et d’images. À la chute de l’Empire portugais consécutive à la bataille des Trois Rois (Ksar El Kébir, 1578), la première génération d’immigrés marocains a porté dans ses « valises » plein de souvenirs, toujours en bonne mémoire chez leurs descendants. Cette nouvelle génération de Marocains fait facilement valoir sa capacité à l’intégration, le mariage mixte y aidant. Pour les Brésiliens, l’effet des feuilletons télévisés n’est pas des moindres : la rediffusion du feuilleton télévisé O Clone leur a fait découvrir, une année durant, les attraits du Royaume, sa culture, ses beaux paysages et ses différentes villes impériales. Aussi, depuis 2013, des actions conjointes ont été menées par l’Office National Marocain du Tourisme lors des éditions annuelles de la Foire Internationale du Tourisme de São Paulo. Sans oublier la Semaine touristique, organisée, en 2015, par l’Office à São Paulo, et qui eut un grand succès.
Les échanges économiques Brésil/Maroc vont-ils croissant ?
Le Brésil est le 3e partenaire économique et commercial du Royaume après l’Espagne et la France. En Amérique latine, il est son 1er partenaire. C’est dire l’importance des relations économiques et commerciales qu’entretiennent les deux pays. Les ressortissants marocains et brésiliens sont dispensés des formalités de visa, cela facilite la libre circulation des personnes et des biens. Plusieurs échanges de visites ont eu lieu. La dernière en date est celle effectuée à Jorf Lasfar par une importante délégation du groupe brésilien de construction OAS. Le Brésil est déjà présent, chez nous, dans les secteurs de la cimenterie, de la coopération agricole et bientôt dans l’aviation civile avec Embraer. Nous pensons que les nouveaux accords de coopération et de facilitation des investissements proposés par le Brésil ouvrent de bonnes perspectives. La réouverture par la Royal Air Maroc des liaisons aériennes Casablanca-São Paulo et Casablanca-Rio de Janeiro est un grand atout en faveur du développement du tourisme. Le marché brésilien reste prometteur. Quelque 50 000 touristes brésiliens ont fait le déplacement chez nous en 2015, un chiffre faible eu égard au potentiel existant.
Qu’en est-il des relations diplomatiques à haut niveau entre les deux pays ?
Le Royaume compte parmi les premiers pays à avoir reconnu la jeune République brésilienne, en 1889. L’ouverture de l’ambassade du Maroc au Brésil remonte à 1967. Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, a effectué, en 2004, une visite d’État à la tête d’une importante délégation composée de ministres et d’hommes d’affaires. Un partenariat stratégique a été annoncé à cette occasion avec, en parallèle, la signature de nombreux accords de coopération et d’échanges. Depuis, des visites ministérielles, parlementaires et autres se sont multipliées.